Sauvons la planète, Mangeons des insectes !?

Que mangerons-nous demain ?

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Dans le contexte d’une population croissante, d’une urbanisation galopante et du débat autour de la disponibilité des ressources, l’alimentation saine et bon marché est un sujet à la fois de crispation et d’inventivité.

A l’horizon 2050, la planète terre abritera neuf milliards d’êtres humains. Les foyers de croissance de la population mondiale se situent dans ce qu’on appelle « le tiers monde » notamment en Afrique et en Asie. Dans un rapport de l’INED* datant de 2015, il est dit que la population de l’Inde croit plus rapidement en une semaine, que celle de l’Europe en un an.

Il va falloir nourrir tout ce monde. Des ébauches de solutions voient le jour. Certaines, alléchantes de primes abord s’avèrent être de fausses bonnes idées, d’autres sont encore en phase de test, ou tentent petit à petit de rentrer dans les habitudes alimentaires.

L’enjeu de la viande

Dans l’alimentation, il y a la viande qui occupe une énorme place, tant dans les habitudes que dans les ressources nécessaires pour la produire. Au fur et à mesure que  les pays se développent économiquement,  leur consommation de viande augmente. Ainsi, la Chine est passée de 13 kg de viande en moyenne par an et par personne, à près de 50 kg/personne et par an. Pendant ce temps les pays occidentaux ont baissé d’assez peu leur consommation. En France, on estime qu’un habitant consomme environs 86 kg de viande par an.

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Une chose est sûre, si chaque être humain devait se mettre à consommer autant de viande qu’un Français ou un Allemand, il n’y aurait pas assez de surface agricole pour produire les végétaux qui permettent de nourrir les bêtes.

C’est pourquoi des alternatives voient le jour. Le végétarisme et le végétalisme pour les plus aguerris, le flexitarisme ou semi végétarisme pour les modérés et bientôt l’entomophagie !

Entomophagie ?

C’est simplement le fait de consommer des insectes ! Ce n’est pas une pratique nouvelle, mais elle est peu courante en Europe. En tout cas, si elle a existé, cela fait bien longtemps qu’elle a disparu. La barrière culturelle semble être le principal blocage à cette pratique aujourd’hui,  pourtant nous consommons déjà des insectes sans s’en rendre compte. Pendant la récolte, la transformation et le stockage, des insectes s’introduisent  dans nos aliments ordinaires et ne sont pas toujours tous éliminés.

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Il existe d’ailleurs une norme légale en France, qui fixe les plafonds de fragments d’insectes dans les aliments. 80 fragments de cuticules d’insectes dans 100g de chocolat, ou 75 fragments dans 50g de farine*(2).

On estime à environ 500g la quantité d’insectes mangés par chaque français tous les ans.

Des experts, des entreprises et des particuliers semblent convaincus que la consommation d’insectes  est un moyen efficace de faire face aux défis qui nous attendent sur la question de l’alimentation saine et disponible pour tous. Elle pourrait accompagner la réduction de  consommation de viande, tout en en garantissant les apports nutritifs nécessaires à la santé humaine. Au-delà de la consommation directe, les farines d’insectes peuvent aussi servir pour nourrir les animaux d’élevages.

Même la très Sérieuse FAO, organisation des nations unies pour l’alimentation, encourage la pratique. Il faut dire que  là où il faut 10kg de végétaux pour produire 1kg de viande,  il n’en faut que 2kg pour produire le kilogramme d’insecte.

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Sur le plan environnemental, on estime que  les rejets et la pollution seraient divisés par dix. Bien sur, il faut évaluer les impacts d’une production de masse.

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Une Ferme aux Grillons dans le Pilât (Loire)

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A Pélussin, en plein milieux du massif du pilât dans la Loire, nous avons rencontré Roxane,  qui s’est installée avec mari et enfants dans cet écrin de verdure, pour  développer son projet d’élevage de grillons destinés à la consommation.

On est perplexe quand on arrive devant  ce corps de ferme, aménagé en maison d’habitation agréable. La maîtresse des lieux vous accueille avec un grand sourire et vous amène volontiers dans les locaux de son activité.

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Une grande pièce avec bacs superposés. A l’intérieur, on aperçoit des boîtes à œufs empilées et des plantes vertes posées par-dessus.

Les grillons,  on les entend plus qu’on ne les voit, Roxane explique comment elle procède pour faire grandir son élevage. La sélection des mâles reproducteurs, la couvée, la ponte.

Puis elle ouvre les bacs, et des centaines de petits grillons se dévoilent.

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Elle parle du grillon qu’elle connaît bien, « ce sont des insectes fragiles, il faut prendre soins d’eux si l’on souhaite qu’ils se reproduisent ». Sur un mur de la pièce, de nombreux documents expliquent la démarche de la fermière, Une revue de presse rassemble les différents articles consacrés à cette activité peu commune.

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Roxane est une baroudeuse, elle a parcouru de nombreux pays du monde, Asie, Afrique, Amérique latine.  C’est pendant ses séjours qu’elle a découvert la consommation d’insectes.

Lorsqu’en 2015 cette jeune maman cherche à se lancer dans un élevage à fort rendement, pouvant répondre au système de circuit court et de vente à la ferme et n’impliquant aucune alimentation industrielle, l’idée d’élever des grillons s’impose peu à peu.  Elle tombe alors sur un reportage qui valide son sentiment.

« C’est finalement une pratique très peu coûteuse pour  l’environnement, pour les bêtes elles-mêmes, pour le producteur et le consommateur ».

Elle se lance, et à côté  de l’élevage de grillons, elle créé une table d’hôtes où elle sert des plats concoctés avec les fruits, légumes et aromates de sa ferme. Évidement les grillons de son élevage sont aussi au menu.

«  Il n’y a que le pain, le fromage, le beurre et le vin qui ne sont pas fait maison ».

Ainsi, on peut déguster des crêpes à la farine de grillons, des fricassés, ou encore les gober en apéritifs. Le cadre est agréable, une piscine, une aire de jeu et un intérieur aménagé pour la détente, font du lieu un vrai havre de paix.

Après avoir visité la salle d’élevage,  nous nous retrouvons dans la grande pièce à vivre où Roxane reçoit le public.  Une séance de dégustation commence.

« Goutez ! Ça a un goût d’amende, ceux-là sont un peu plus corsés, ceux-ci sont doux ».

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Une fois l’appréhension passée, on se laisse tenter et il faut avouer que finalement, le goût est au rendez-vous.

La durée de vie d’un grillon est  très courte (moins d’un an), ce qui permet un renouvellement rapide et ne nécessite pas qu’on accélère leur croissance comme cela peut être le cas pour la plupart des animaux des élevages industriels.

Roxane accueille les curieux qui souhaitent visiter son élevage les vendredis et samedis, de 10h à 19h à partir du mois d’Avril jusqu’en Septembre. On peut repartir avec des bocaux de grillons de différents goûts, pour prolonger l’expérience à la maison ou en faire profiter les proches.

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L’élevage et la consommation d’insectes est à ses balbutiements, les promesses sont alléchantes, d’un point de vue économique, environnemental et social. Reste à voir la dimension et la tournure que cette activité prendra.  En attendant, restons curieux !

Pour se rendre à la ferme aux grillons :

Adresse :16 chemin de la morcellerie, 42410, Pélussin, Rhone-Alpes, France

Page Facebook : @lafermeauxgrillons

*(1) voir la série de vidéos de l’INED  » La croissance démographique aujourd’hui »

*(2) Voir le Courrier de l’environnement de l’Inra N° 52, 2004

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Publié le juin 5, 2017, dans - Introduction au développement durable, et tagué , , , , , , , , , , , , , . Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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