Ruralité, voila un mot qui n’est pas courant dans nos discussions ou dans nos débats au quotidien. Nous, citadins, avons même tendance à considérer cette dernière avec condescendance mais que savons nous de la ruralité ?
QU’EST-CE QUE LA RURALITÉ ?
On peut définir la ruralité comme un terme faisant référence au monde rural, la vie de la campagne et la paysannerie. La ruralité aborde les modes de fonctionnement et de vie dans les territoires éloignés géographiquement des centres urbains.
EVOLUTION DE LA RURALITÉ
Jusqu’au milieu du 19e siècle, le terme le plus courant était « PAYSANNERIE », il désignait les habitants de la campagne vivant essentiellement d’agriculture et d’artisanat de subsistance.
Avec le développement de l’industrie, des grands centres urbains et du salariat, les modes de vie des campagnes ce sont transformés. Certains paysans sont passés d’une agriculture de subsistance à l’agriculture mécanisée, d’autres sont devenus salariés des entreprises ou industries installées à proximité de leurs lieux de résidence, d’autres encore de petits commerçants.
Ces changements ont considérablement modifié le paysage des campagnes en France et dans le monde, pour faire émerger le terme de ruralité.
Au-delà de ces considérations, la ruralité appelle à la notion d’attachement des populations à leur territoire et à leur terroir.
LA RURALITÉ AUJOURD’HUI
Le moins qu’on puisse dire c’est que la ruralité essuie bien des déboires, la mondialisation et les mutations citée plus haut aidants, l’espace rural est devenu le théâtre des contradictions et perversions générées par nos sociétés.
En 2007, 50% de la population mondiale vivait en zone urbaine et chaque jour, c’est 1 millions de personnes qui viennent grossir les villes. Parallèlement, tous les deux jours en France, une exploitation agricole cesse son activité du fait de suicide ou de dépôt de bilan.
Pour ceux qui restent et continuent de vivre dans ces zones par choix ou non, c’est le parcours du combattant au quotidien. Ils sont complètement à l’écart des avantages qu’apporte le dynamisme des grands centres urbains tels que, les Systèmes de transport performants, la proximité des services de santé, l’accès à l’emploi , à la culture et au divertissement etc.
De plus, avec la mécanisation et l’utilisation massive de pesticides, d’engrais chimiques dans les exploitations agricoles, le milieu rural est l’un des plus touchés par la pollution des sols, des eaux et de l’air (voir Bretagne). On se retrouve avec des sols appauvris, incapables de fournir des rendements qui permettaient au 19e à la France de nourrir sans besoin d’apport externe énorme, ses 40 millions d’habitants.
Ces phénomènes sont encore plus criants dans les pays émergeants ou les pays pauvres car l’exode rural entraine la ghettoïsation des périphéries des villes ou la paupérisation de zones entières.
Des individus qui jadis étaient autosuffisants d’un point de vue alimentaire et participaient même à nourrir leurs concitoyens par leur travail de paysan, deviennent par ces bouleversements des bouches à nourrir. ils comptent sur des denrées venant de toujours plus loin, les rendant toujours plus dépendants de l’agro industrie.
Rien de surprenant alors que les OGM et autres systèmes aberrants deviennent des solutions sérieuses pour nourrir la planète, ou que la famine soit encore d’actualité en Inde, au Kenya, au Soudan etc..
LES ENJEUX DE LA RURALITÉ
Que ce soit au niveau national ou au niveau européen et mondial, la ruralité doit relever de nombreux défis pour s’intégrer dans un développement durable. Ces défis prennent forme sous les termes de :
protection du milieu naturel, Conservation du patrimoine et/ou du terroir, démocratie local, décentralisation, politique agricole commune etc..
Ce qui est sur c’est que l’espace rural devra être autre chose que simplement le contraire de la ville, parce que l’une ne va pas sans l’autre. Le déploiement d’un développement urbain durable ne peut s’envisager sans une politique de développement local forte.
DES BONNES NOUVELLES
L’essor récent des mobilités résidentielles, l’engouement pour le bio et la vie dans les espaces moins confinés semblent bénéficier aux espaces ruraux. On estime à plus de 19 million le nombre de français qui ont changé de domicile entre 2005 et 20111 ; Bon nombre de ces changements se font entre deux communes voisines, mais le nombre de français qui passent d’une commune urbaine à une commune rurale croit sensiblement.
Pour conserver cette dynamique, l’espace rural devra compter sur une économie locale forte, des moyens de mobilité performants, le maintien des services publics de proximité et des systèmes agricoles plus respectueux de l’environnement.
L’union européenne et l’état à mettent en place des dispositifs sensés encourager les choses dans ce sens.
Le FEADER (Fond Européen Agricole pour le Développement Rural) en est une illustration au niveau communautaire et le GAL (Groupe Action Local) une déclinaison locale.
COMMENT AGIR AU NIVEAU INDIVIDUEL ?
La ruralité n’est pas figée, elle est propre à chaque territoire et même si les problèmes semblent être les mêmes, les solutions ne sont pas toujours interchangeables.
Pour un citoyen ordinaire, le moyen le plus simple pour agir en faveur de la ruralité est de soutenir l’économie locale. Cela est possible en souscrivant aux AMAP, en privilégiant les producteurs locaux, l’utilisation des monnaies locales là ou elles existent.
L’autre moyen d’agir est bien sur de militer, de contribuer aux actions qui concourent à rendre les solutions possibles, que ce soit dans des associations, politiquement, ou dans les administrations.
La question de la ruralité montre encore une fois que le développement durable touche à des aspects très divers de nos vies et que les solutions commencent au niveau individuel et local.
1- Source INSEE
POUR ALLER PLUS LOIN :
Les Nouvelles Ruralités – Gérard Fayolle édition Sud Ouest (2001)
publication de Bernard Wolfer chercheur à L’INRA Sens.(juin 2005)
RéseauRural.fr (organe central des GAL)
. »La Revue » : Magazine semestriel sur le monde rural
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