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ET SI COSMÉTIQUE RIMAIT AVEC ETHIQUE ET ÉCOLOGIQUE !?

Il est coutume  de dire qu’il faut souffrir pour être belle ou beau. Heureusement,  les cosmétiques ont suivi le cours des innovations technologiques et font peu à peu mentir l’adage. Il n’est plus un âge, un type de peau, une couleur de cheveux ou une partie du corps qui n’a  son produit de beauté ou d’entretien. La France est  leader sur tous les plans ! C’est à la fois  l’un des plus gros producteurs et exportateurs de produits cosmétiques dans le monde, avec le plus grand nombre de marques prestigieuses dont le premier groupe mondial de cosmétique, L’OREAL. La France est aussi le pays qui consomme le plus de produits cosmétiques avec un budget  annuel de 6.5 milliards d’euro et 27 produits par habitant(1).

rajeunir - la lutte contre les rides

Sous ses apparences proprettes de l’ami qui vous veut du bien, l’industrie cosmétique est bel et bien un mastodonte qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Pour continuer à se développer, à innover  et occuper tous les marchés, les stratégies des entreprises du secteur se heurtent parfois aux problématiques écologiques ou éthiques.

LA QUESTION DE LA CAUSE ANIMALE !

image: plkdenoetique

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Le reproche le plus médiatisé qu’on ait eu à faire à l’industrie de la cosmétique est celui des tests sur les animaux.  Pendant longtemps, nos amis les bêtes, lapins, hamster, souris etc… Ont servi de cobayes pour tester nos crèmes de beauté, nos parfums et autres lotions. Ces expérimentations, loin d’être   de simples applications de produits sur les animaux étaient de vraies tortures². La France a longtemps trainé la patte sur ce sujet, puis dans l’obligation de s’aligner sur les directives européennes et avec la pression de nombreux activistes, le législateur s’est enfin saisi du problème. Il a Interdit en 2004 l’expérimentation sur les animaux pour les produits finis, Puis une interdiction progressive pour les ingrédients et les combinaisons d’ingrédients.  A partir de 2009, une interdiction partielle de commercialisation des produits ayant fait l’objet de tests sur des animaux a vu le jour, l’interdiction  est devenue totale en 2013. Voilà donc deux ans qu’aucun produit  cosmétique testé sur les animaux n’est plus légalement vendu en France.

APRES LES  BETES, LES HOMMES ET LA NATURE

Après la question animale, viennent d’autres sujets moins médiatisés, mais tout aussi importants. Les cosmétiques, comme d’autres produits industriels de grande  consommation n’échappent pas à l’appel toujours plus appuyée de la chimie. Le débat est donc désormais orienté sur l’impact sanitaire et environnemental des produits.  Les entreprises ont bien compris l’enjeu qui se cache derrière ces questions et les conséquences que cela peut avoir sur les ventes. On a alors vu fleurir  ci et là, des chartes développement durables, intégrées à des politiques de responsabilité social d’entreprise (RSE), chez UNILEVER, L’OREAL  et autres acteurs du marché. Si cela permet de garder la tête haute d’un point de vue communication, le bilan concret reste mince.

COSMÉTIQUE OU TOXMETIQUE ?

image :holistic-etre.com

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La fédération des entreprises de la beauté (FEBEA) définis  un produit cosmétique comme : « une substance ou un mélange destiné à être mis en contact avec diverses parties superficielles du corps humain, notamment l’épiderme, les systèmes pileux et capillaires, les ongles, les lèvres, les organes génitaux externes, les dents et les muqueuses buccales, en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, protéger, parfumer, maintenir en bon état » Les substances chimiques, d’origine végétales, animales ou de synthèses incorporées dans ces produits de beauté ne sont pas sans conséquences. D’autant qu’il est prouvé aujourd’hui que ces substances sont capables de traverser la barrière cutanée pour se retrouver dans le sang. Quand on sait qu’au quotidien nous utilisons une dose de shampoing pour les cheveux, une dose de gel douche ou de savon pour le corps,  parfois une crème, deux ou trois pour les plus coquets, et enfin un parfum ou un déodorant, Même s’il est évident que les doses de substances sont infimes, la répétition et la superposition, (ce qu’on appelle l’effet cocktail)  rendent les risques et les dangers palpables. Depuis plus de dix ans, plusieurs organismes  se battent pour que l’industrie de la cosmétique prenne en compte la toxicité des substances qui rentrent dans l’élaboration ses produits, voir les supprimes au nom du principe de précaution. Ainsi, le magazine UFC QUE CHOISIR  a publié en  2013 un dossier choc sur les perturbateurs endocriniens dans les produits de beauté, faisant suite à de nombreux autres ayant fait du bruit. L’organisation GREENPEACE  a conçu un guide dit « cosmetox » en 2005 qui permet  d’y voir plus clair, lire les étiquettes et déchiffrer les compositions.

PARABENES, PHTALATES  ET FORMALDÉHYDES  SUR LA SELLETTE  

Ces substances reviennent souvent comme problématiques dans les produits de beauté.

Les parabènes :

Ce sont de super conservateurs,  qui permettent à nos crèmes et lotions de garder leurs propriétés. Mais les parabènes sont suspects à cause de leur activité œstrogène, c’est-à-dire qu’ils ont tendance à féminiser le système hormonal, et aussi pour leurs caractères cancérigènes. d’autres conservateurs qui remplacent les parabènes ne sont pas moins controversés ce sont notamment le Triclosan, le phenoxyéthanol ou le méthylisothiazolinone.

Les phtalates

Ils sont utilisés comme solvants dans le cosmétique pour notamment atténuer les effets de l’alcool, mais c’est aussi l’un des perturbateurs endocriniens les plus décriés. C’est-à-dire qu’il peut dérégler le système hormonal.

Les Formaldéhydes :

Utilisé comme conservateur, il est reconnu aujourd’hui fort allergène et cancérigènes. Il fait l’objet de restrictions et d’interdictions dans les produits cosmétiques mais on peut encore le trouver dans des compositions de produits de beauté. Ce ne sont pas les seuls, on compte des dizaines de substances dont l’effet sur la santé et sur l’environnement par  le rejet dans la nature ne sont pas tout  à fait clair et porte à caution.

LE SUR EMBALLAGE

image :mybeauty.over-blog.com

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Rares sont les industries ou l’emballage tient une place aussi importance dans le rendu du produit fini. Une étude démontre que l’emballage et la publicité représentent  jusqu’à 50% du prix d’un produit  cosmétique(3).  L’attrait de l’emballage peut déclencher l’achat, alors les produits cosmétiques sont souvent emballés dans un pot, un tube ou une fiole, puis dans un contenant en carton, qui lui-même est filmé avant d’être mis dans un sac remis au client. Autant d’emballages qui vont devenir des déchets. Même si ces entreprises comme toutes les autres sont soumises à la directive européenne sur le recyclage de déchets, la meilleure des solutions reste  de les réduire à la source.  Sous la pression des ONG et de la réglementation, les gros groupes du secteur ont intégré cette donnée dans leurs objectifs. Mais les résultats sont pour le moment assez modestes. L’OREAL  s’était engagé à réduire entre 2005 et 2015  de 50%  des déchets générés par unité de produit fini, elle n’en était qu’à 23,9% en 2012.  Autant dire que l’objectif  est loin d’être atteint(4).

COSMÉTIQUE ET ETHIQUE

Ce n’est pas nouveau, l’idée de la cosmétique renvoi à une certaine recherche de la jeunesse éternelle, de la beauté qui ne  fane pas  Etc.  Les messages publicitaires et les pratiques de promotion des ventes du secteur surfent donc sur cette vague et n’hésitent pas à nous « vendre du rêve ». Potion miracles  flirtant parfois avec l’aspect thérapeutique, modèle de beauté imposé, publicité mensongère du type « garantie 10 ans de moins ». Ces pratiques ont un impact direct sur la société et sur l’estime de soi des personnes qui donnent de l’importance à ces messages. Le risque est alors d’arriver à une société où la beauté est standardisée, les peaux claires sommées d’êtres bronzées, les peaux sombres encouragées à être plus claires  ainsi de suite ! C’est un débat éthique sans fin, mais dans lequel l’industrie de la cosmétique porte une responsabilité certaine. Dans certains pays comme la grande Bretagne, il existe des organismes chargés de faire la police sur ce type de dérive (Advertising Standards Authority). En France le CSA (conseil supérieur de l’audiovisuel)  qui a pourtant pour prérogative de protéger le consommateur n’as pas encore jugé bon d’intervenir sur ce sujet.

LA BIO PIRATERIE AU SERVICE DE NOTRE BEAUTÉ ?

On parle de bio piraterie lorsque des entreprises se permettent de piller le patrimoine culturel et naturel d’un pays ou d’une région du monde, notamment dans les pays du sud, par le dépôt de brevets sur des plantes ou substances locales et cela sans rétribution aucune. Ce cas de figure s’est présenté de nombreuses fois. En 2009, la société Greentech, spécialiste des actifs verts, doit abandonner la demande de brevet qu’elle avait déposé en 2006 sur l’usage du Sacha Inchi , une plante de l’Amazonie péruvienne qui pousse entre 100 et 1000 mètres d’altitudes.(5) Le cas le plus célèbre est celui du margousier indien plante connue depuis des milliers d’années pour ses diverses vertus, qui a fait l’objet de dépôt de brevet  pour un dentifrice par une firme américaine. S’en est suivi une longue bataille juridique menée entre autre par l’activiste indienne vandana shiva jusqu’à l’abandon du brevet par la firme.(6) Quand on sait que plus de trois quart des ressources biologiques terrestres se trouvent en zone tropicale, et que le marché des cosmétiques à base de produits naturels progresse fortement, Il est grand temps d’accorder plus de vigilance aux pratiques des industriels quant à l’appropriation du vivant pour des intérêts privés

COSMÉTIQUE BIO ET NATURELLE UNE ALTERNATIVE ?

Si on parle d’alternative, il faut  rappeler que dès les années 80, quelques fabricants de cosmétiques comme THE BODY SHOP ou WELEDA se sont engagés dans une démarche complètement différente des autres acteurs du marché. Elles ont privilégié dès le début l’utilisation de matières naturelles, la transparence sur la composition des produits et les effets réels dont on peut espérer. IMG_2796 Ce sont aussi les premiers à mettre en place  des  démarches d’optimisation d’emballage et de recyclage. Ces deux marques continuent d’être des acteurs clés  d’une offre alternative, plus respectueuse de la nature, et des hommes, même si THE BODY SHOP a été racheté en 2006 par L’OREAL. Par ailleurs  les marques de cosmétique Bio se développent et on peut accéder aujourd’hui à une offre assez large répondant à divers besoins. Elles s’appellent  little big bio, lift argan, melvita, ou Oolution, (petit dernier sur le marché). bien souvent, ces marques sont toutes signataires de la charte COSMEBIO. Une étude diligentée par la FEBEA en 2015 révèle que 66% des personnes qui achètent des cosmétiques bio et naturelles le font dans des magasins BIO. Le label  COSMEBIO est de loin le plus connu des consommateurs, avec 65% d’interrogés qui déclarent  le reconnaitre.(7)

QU’EST-CE QUE LE LABEL COSMEBIO ?

L’association COSMEBIO labélise par le biais d’une charte qu’elle fait signer à ses adhérents, des produits classés en deux grandes catégories.(8)

  • Le label « Cosmétique écologique » : 5% minimum du total des ingrédients doivent être issus de l’agriculture biologique (et 50% minimum des ingrédients végétaux de la formule)
  • Le label « Cosmétique biologique » : 10% minimum du total des ingrédients doivent être issus de l’agriculture biologique (et 95% minimum des ingrédients végétaux de la formule)
  • produit-label-ecoproduit-label-bio

Ce label met aussi en avant le recours au commerce équitable pour l’acquisition des matières premières naturelles. D’autres labels  dédiés aux cosmétiques Bios existent et complètent l’offre. On peut citer le label NATURE ET PROGRES OU ECOCERT. Au niveau européen, on peut  citer des labels  comme NA TRUE ou BDIH ainsi que d’autres visible sur la plaquette i dessous : labels cosmetiques

LA TENTATION DU GREEN WASHING ?

Les marques conventionnelles essayent elles aussi de profiter de l’engouement grandissant pour les produits biologiques et naturels sans être obligé de se soumettre à des cahiers des charges stricts et obtenir des labels. Elles mettent alors le paquet sur la publicité et les appellations qui portent à confusion fusent.  On voit alors fleurir sur les pots et tubes des sigles du type « bio-revitalisant »  « green beauty »  » substances végétale ».  Pistachiopack La tentation de l’entourloupe est forte, et implique une vigilance accrue du consommateur. Comme pour tout, si on souhaite consommer ses cosmétiques autrement, il est nécessaire d’acquérir les réflexes qui permettent d’identifier  les labels, déchiffrer les compositions, et repérer les fausses promesses.

ALLER PLUS LOIN :

(1) – données issue de l’enquête consommateur, savoir pour mieux acheter de florence Amalou, Edition Philippe Rey

(2) – application des test dit « letahl dose » ou dose mortelle voir LD50.

(3) – d’après l’ouvrage de Léo hickman a good life; the guide of ethical living- 2005.

(4) – voir l’article de gaelle Fleitour sur le site l’usine nouvelle. « L’oreal leader des cosmétiques mais pas encore du développement durable »

(5) – voir l’article de France info sur l’affaire green tech

(6) – voir l’article de « libération » interview de vandana shiva sur la biopiraterie

(7) – Voir l’intégrale de l’enquête diligentée par la FEBEA intitulée : Cosmétiques Bio, les attentes des consommateurs

(8) – voir dossier de présentation COSMEBIO 

(9) – Lien vers le guide cosmetox de GREENPEACE :  Guide Cosmetox

(10) -voir l’article du magazine UFC QUE CHOSIR « Perturbateurs endocriniens dans les produits d’hygiènes et de beauté« 

(11) – voir la partie consacrée aux cosmétiques de l’ouvrage d’Elisabeth Laville et Marie Balmain  » Achetons Responsables »  Edition seuil,2005.