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LES DESSOUS DE VOTRE LABEL BIO
Le marché du bio a quadruplé, pour représenter aujourd’hui une manne de 4 milliards d’euro. En matière de démarche écologique, nous avons décidé d’investir massivement dans l’alimentation et les produits de consommation courante. Grâce à cette croissance, on voit arriver de nouveaux acteurs sur le marché. Mais un aspect des produits estampillés Bio reste très discret, quasiment opaque.
Il s’agit des organismes de labélisation. Ceux qui accordent aux agriculteurs, éleveurs, transformateurs de produits, le droit d’apposer sur leur étiquette le fameux sigle « AB », permettant de repérer un produit Bio.
Le sigle AB n’est d’ailleurs pas le seul. On trouve également des mentions comme « Déméter » « Bio cohérence » « Cosmébio » « nature et progrès » etc… Nous nous basons sur ces petits sigles sur les emballages, pour acheter des produits un peu plus en accord avec nos valeurs et souvent un peu plus chers aussi. Il s’agit donc d’une immense confiance faite à ces organismes dont on ne sait presque rien. Faisons un panorama des quatre principales structures qui éclairent par ce biais, nos choix de consommation.
ORGANISMES DE CERTIFICATION ET LABELS
Ce qu’il faut savoir c’est que le label AB, s’appuie sur une charte, qui a été élaborée par le ministère de l’environnement, puis l’union Européenne, et continue à être affinée avec le temps. Ceux qui respectent cette charte sont susceptibles d’obtenir le label AB. Mais l’état a confié l’évaluation, le contrôle et la certification des candidats, à des organismes de certification.
Les organismes de certification sont eux-mêmes chapeautés par des organismes de l’état, que sont l’INAO et le Cofrac.
Aujourd’hui, pour ce qui est de l’agriculture biologique et le label AB, neuf organismes de certification ont l’accréditation pour le contrôle la labélisation. Vous trouverez la liste en cliquant sur le lien ICI.
ECOCERT LE GÉANT MONDIAL DE LA CERTIFICATION
65% des contrôles et certifications AB en France est réalisé par une seule société, ECOCERT. C’est une entreprise privée, qui a fait de cette activité un business plutôt lucratif. Ecocert est assez discrète, mais elle est quand même à l’origine de la certification de plus d’un produit bio sur deux que nous trouvons dans le commerce. En plus des produits alimentaires, Ecocert certifie également des produits de beauté sous le label cosmébio, des textiles, et même des produits ménagers.
C’est une entreprise qui emploie plus de 800 personnes et a réalisé un chiffre d’affaire de de 14 millions d’euros en 2013. Ce sont en tout cinq filiales, toutes réunis sous une holding, dirigée par une même famille. Évidemment, au vu de cette expansion, on se pose la question sur l’impartialité de l’entreprise et les risques de faire primer les aspects financiers sur sa mission principale.

source image : sudouest.fr
ECOCERT qui a pour slogan « Au service de l’homme et de l’environnement » fait face régulièrement à des conflits sociaux avec ses salariés. C’était le cas en 2013, puis trois ans plus tard en 2015, pour ne citer que ceux qui ont eu un retentissement dans les médias. Les salariés se plaignent régulièrement des bas salaires, du manque de perspectives d’évolution et des conditions de travail.
Pour une entreprise qui est au service de l’homme et de l’environnement, l’exemplarité sur ces questions devrait être un requis de base.
On peut objectivement se demander s’il n’est pas dangereux pour l’intérêt général, de confier une mission aussi sensible que la certification de produits biologiques à une entreprise ordinaire, lancée comme toutes les autres dans la course au profit tout azimut. L’entreprise affirme malgré les difficultés sociales et une organisation toujours calquée sur l’économie ultra libérale, être capable de maintenir une forte conscience éthique, tout en prospérant à toutes vitesse dans les affaires.
On peut en douter, quand on sait que toutes les entreprises qui ont fait cette promesse, l’ont toujours trahis.
BIO COHÉRENCE : Le groupe de paysans qui veut aller plus loin
Suite à l’alignement de la charte de l’agriculture biologique Française sur la charte Européenne fin des années 2000, le cahier des charges du label AB est devenu beaucoup moins strict. Contrairement à ce qui se faisait avant, on peut par exemple retrouver aujourd’hui jusqu’à 5% de pesticides chimiques et/ou de synthèse dans un produit Bio, ainsi que 0.9% d’OGM. certains acteurs du secteur, fervent militants d’une agriculture Bio qui ne fait pas de concession à l’agro chimie et l’agro-industrie ont alors refusé de niveler les choses vers le bas, ils ont décidé de créer un label associatif, ce qui a donné BIO COHÉRENCE.
Le logo bio cohérence figure généralement à coté du logo AB. Il suppose qu’en plus de la charte AB, une liste d’exigence vient se rajouter, pour garder le niveau d’exigence d’avant le nivellement Européen voir plus. L’une des exigences du label « Bio Cohérence » est l’interdiction de vendre à la grande distribution. Vous ne trouverez donc pas les produits avec cette estampille dans un magasin des grandes chaines de la distribution alimentaire. Ils se trouvent dans les petites épiceries, ou les magasins spécialisés dans l’alimentation Bio.
BIO COHÉRENCE est une marque collective, portée par les membres de l’association, c’est-à-dire les producteurs et tous les acteurs qui se plient à la charte. La notion de marque collective est légalement codifiée par L’INPI comme « une démarche qui cherche à garantir une certaine qualité au consommateur ». Derrière Bio Cohérence, Concrètement, il n’y a pas d’individualité affichée, pas d’entreprise avec pour but de faire des profits. Ce sont les acteurs eux-mêmes qui s’inscrivent dans une démarche progressiste, par rapport à la charte européenne. Chaque acteur souscrivant à la charte Bio Cohérence est audité et contrôlé par un des organismes accrédité par l’état, sur la base des chartes AB et Bio Cohérence.
DÉMÉTER – Label du Bio et de l’exotérisme.
On connait Déméter, la déesse grecque de l’agriculture et des moissons, qui a appris aux hommes a faire des semis et des récoltes. On connait moins le label Déméter, qui s’appuie sur les principes de l’agriculture biodynamique. On trouve les produits Déméter surtout dans les magasins spécialisés Bio.
De la Biodynamie au Label Déméter
La Biodynamie est un système de production agricole. C’est une des dimensions d’un système de pensée née dans les années 20, appelée anthroposophie. Rudolf Steiner, le fondateur, pensait que l’agriculture conventionnelle et la chimie se limitent à une vision trop restreinte de l’univers. Selon lui, il faut tenir compte dans la production agricole, de la force cosmique et du cycle astrologiques. De cela, découle tout un ensemble de pratiques constituant le cahier des charges à respecter pour se voir accorder le Label Déméter.
L’organisation Déméter
Déméter c’est d’abord une association internationale qui a son siège en Allemagne. Cette association gère et coordonne les activités et la marque adossée à l’agriculture Biodynamique dans le monde. On retrouve des représentations de l’association dans 53 pays, dont la France. La filiale Française à son Siège à Colmar en Alsace et emploie 7 personnes qui s’occupent de structurer et garantir le respect du cahier des charges Déméter, du champ à l’assiette. A la base de ce Cahier des charges, il y a d’abord les exigences du label Européen AB, auxquels vient se rajouter les exigences du cahier des charges Déméter. Pour obtenir une certification, chaque acteur doit se soumettre aux contrôles des organismes de certification pour le label AB, ainsi qu’a ceux des contrôleurs spécifiques de l’association Déméter. Comme toutes les autres certifications, elle est valable une année, renouvelable.
Critiques
La Biodynamie fait l’objet de vives critiques quant à la philosophie qui la sous-tend, ainsi que certaines des pratiques, jugées sectaires, voire de l’ordre du chamanisme ou de la pratique occulte.
Il y aurait dans les préceptes du père fondateur de cette pratique, des démarches qui s’éloigneraient de la rationalité scientifique, reposant bien souvent seulement sur l’intuition. Il s’avère que Rudolf Steiner qui a mis en place la Biodynamie, n’as jamais été lui-même agriculteur. Mais les études menée sur le système Biodynamique par des scientifiques, montrent que les résultats sont sensiblement les mêmes que pour une agriculture biologique exigeante et scientifiquement cohérente. Ce qui est sûre, c’est qu’en achetant un produit Déméter, on risque bien moins qu’en achetant un produit de l’agriculture conventionnelle.
NATURE ET PROGRÈS –Label a démarche participative
Nature et progrès est l’une des organisations pionnières de l’agriculture biologique et la lutte contre l’agro-industrie en France. Elle regroupe artisans transformateurs, producteurs agriculteurs et consommateurs. Le slogan de base de l’association est « respecter la nature sans refuser le progrès ».
Nature et progrès a toujours eu une conception collective et participative de l’agriculture biologique. Insistant, pour que du producteur au consommateur, chaque acteur prenne sa part de responsabilité et ai son mot à dire. En 1993, le groupement crée la marque collective Nature et Progrès, qui garantit le respect de sa charte. Dès lors, il à prit une place de choix dans le paysage des labels de l’agriculture biologique.
En 1995, Nature et Progrès s’oppose au projet de la charte de l’agriculture biologique AB porté par l’état, et appelle à son boycott. L’association dénonçait notamment le fait de confier la certification à des entreprises privés, et le cout de cette certification pour les producteurs. On leur donnerait presque raison aujourd’hui, au vu de la tournure que prennent les choses.
Le label Nature et progrès est la seule certification des quatre que nous citons ici, qui ne comprend pas au préalable la certification AB. On trouve les produits estampillés de ce label essentiellement dans les magasins de producteurs, certaines AMAP, sur internet et quelques chaines spécialisées dans le Bio.
POUR PLUS DE TRANSPARENCE ET D’IMPARTIALITÉ
Au terme de ce petit tour des organisations qui gèrent l’orchestration de ce que nous achetons comme produits biologique et à qui nous faisons aveuglement confiance, on peut dire que les systèmes les plus vertueux ne sont pas ceux qui occupent le plus de place.
En effet, on pourrait s’attendre à ce que l’organisme qui certifie la majeure partie de nos produit biologiques, ne soit tenu par aucune autre contrainte majeure que celle de son équilibre financier et du service à la collectivité. On découvre qu’elle est une entreprise qui tangue de plus en plus vers la multinationale et ses travers.
On pourrait s’attendre à ce que les premiers concernés, c’est-à-dire les agriculteurs, les producteurs et même les consommateurs soient plus impliqués dans le système. malheureusement les organismes qui adoptent cette posture sont largement minoritaires.
Enfin, on pourrait Imaginer que vu la sensibilité du sujet, la tâche d’octroyer un certificat Bio soit gérée par un service de l’état dédié.
Quoi qu’il en soit, le citoyen doit garder à l’esprit qu’avant le logo sur son produit, il y’a un cahier des charges, des exigences et des contrôles. En fonction du logo, les exigences sont plus ou moins poussées. le logo AB est le minimum qui se fait dans le domaine, mais on peut décider d’aller plus loin, en plébiscitant par exemple ceux que nous avons cité ici. C’est aussi le moyen pour le consommateur de ne pas se faire flouer par les faux labels qui ne cessent de croitre.
Nous devons exiger de l’exemplarité et de l’impartialité de la part des organismes certificateurs. C’est seulement à ce prix qu’on pourra pousser le système vers une amélioration continue et éviter de sombrer dans des contradictions.
Pour aller plus loin :
Le site Eco sapiens a fait une enquête sur tout les label écologiques dont les Bio
Article du journal « politis » sur Ecocert
Enquête « que choisir » sur l’ensemble des labels alimentaires en France
ET SI COSMÉTIQUE RIMAIT AVEC ETHIQUE ET ÉCOLOGIQUE !?
Il est coutume de dire qu’il faut souffrir pour être belle ou beau. Heureusement, les cosmétiques ont suivi le cours des innovations technologiques et font peu à peu mentir l’adage. Il n’est plus un âge, un type de peau, une couleur de cheveux ou une partie du corps qui n’a son produit de beauté ou d’entretien. La France est leader sur tous les plans ! C’est à la fois l’un des plus gros producteurs et exportateurs de produits cosmétiques dans le monde, avec le plus grand nombre de marques prestigieuses dont le premier groupe mondial de cosmétique, L’OREAL. La France est aussi le pays qui consomme le plus de produits cosmétiques avec un budget annuel de 6.5 milliards d’euro et 27 produits par habitant(1).
Sous ses apparences proprettes de l’ami qui vous veut du bien, l’industrie cosmétique est bel et bien un mastodonte qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Pour continuer à se développer, à innover et occuper tous les marchés, les stratégies des entreprises du secteur se heurtent parfois aux problématiques écologiques ou éthiques.
LA QUESTION DE LA CAUSE ANIMALE !
Le reproche le plus médiatisé qu’on ait eu à faire à l’industrie de la cosmétique est celui des tests sur les animaux. Pendant longtemps, nos amis les bêtes, lapins, hamster, souris etc… Ont servi de cobayes pour tester nos crèmes de beauté, nos parfums et autres lotions. Ces expérimentations, loin d’être de simples applications de produits sur les animaux étaient de vraies tortures². La France a longtemps trainé la patte sur ce sujet, puis dans l’obligation de s’aligner sur les directives européennes et avec la pression de nombreux activistes, le législateur s’est enfin saisi du problème. Il a Interdit en 2004 l’expérimentation sur les animaux pour les produits finis, Puis une interdiction progressive pour les ingrédients et les combinaisons d’ingrédients. A partir de 2009, une interdiction partielle de commercialisation des produits ayant fait l’objet de tests sur des animaux a vu le jour, l’interdiction est devenue totale en 2013. Voilà donc deux ans qu’aucun produit cosmétique testé sur les animaux n’est plus légalement vendu en France.
APRES LES BETES, LES HOMMES ET LA NATURE
Après la question animale, viennent d’autres sujets moins médiatisés, mais tout aussi importants. Les cosmétiques, comme d’autres produits industriels de grande consommation n’échappent pas à l’appel toujours plus appuyée de la chimie. Le débat est donc désormais orienté sur l’impact sanitaire et environnemental des produits. Les entreprises ont bien compris l’enjeu qui se cache derrière ces questions et les conséquences que cela peut avoir sur les ventes. On a alors vu fleurir ci et là, des chartes développement durables, intégrées à des politiques de responsabilité social d’entreprise (RSE), chez UNILEVER, L’OREAL et autres acteurs du marché. Si cela permet de garder la tête haute d’un point de vue communication, le bilan concret reste mince.
COSMÉTIQUE OU TOXMETIQUE ?
La fédération des entreprises de la beauté (FEBEA) définis un produit cosmétique comme : « une substance ou un mélange destiné à être mis en contact avec diverses parties superficielles du corps humain, notamment l’épiderme, les systèmes pileux et capillaires, les ongles, les lèvres, les organes génitaux externes, les dents et les muqueuses buccales, en vue, exclusivement ou principalement, de les nettoyer, protéger, parfumer, maintenir en bon état » Les substances chimiques, d’origine végétales, animales ou de synthèses incorporées dans ces produits de beauté ne sont pas sans conséquences. D’autant qu’il est prouvé aujourd’hui que ces substances sont capables de traverser la barrière cutanée pour se retrouver dans le sang. Quand on sait qu’au quotidien nous utilisons une dose de shampoing pour les cheveux, une dose de gel douche ou de savon pour le corps, parfois une crème, deux ou trois pour les plus coquets, et enfin un parfum ou un déodorant, Même s’il est évident que les doses de substances sont infimes, la répétition et la superposition, (ce qu’on appelle l’effet cocktail) rendent les risques et les dangers palpables. Depuis plus de dix ans, plusieurs organismes se battent pour que l’industrie de la cosmétique prenne en compte la toxicité des substances qui rentrent dans l’élaboration ses produits, voir les supprimes au nom du principe de précaution. Ainsi, le magazine UFC QUE CHOISIR a publié en 2013 un dossier choc sur les perturbateurs endocriniens dans les produits de beauté, faisant suite à de nombreux autres ayant fait du bruit. L’organisation GREENPEACE a conçu un guide dit « cosmetox » en 2005 qui permet d’y voir plus clair, lire les étiquettes et déchiffrer les compositions.
PARABENES, PHTALATES ET FORMALDÉHYDES SUR LA SELLETTE
Ces substances reviennent souvent comme problématiques dans les produits de beauté.
Les parabènes :
Ce sont de super conservateurs, qui permettent à nos crèmes et lotions de garder leurs propriétés. Mais les parabènes sont suspects à cause de leur activité œstrogène, c’est-à-dire qu’ils ont tendance à féminiser le système hormonal, et aussi pour leurs caractères cancérigènes. d’autres conservateurs qui remplacent les parabènes ne sont pas moins controversés ce sont notamment le Triclosan, le phenoxyéthanol ou le méthylisothiazolinone.
Les phtalates
Ils sont utilisés comme solvants dans le cosmétique pour notamment atténuer les effets de l’alcool, mais c’est aussi l’un des perturbateurs endocriniens les plus décriés. C’est-à-dire qu’il peut dérégler le système hormonal.
Les Formaldéhydes :
Utilisé comme conservateur, il est reconnu aujourd’hui fort allergène et cancérigènes. Il fait l’objet de restrictions et d’interdictions dans les produits cosmétiques mais on peut encore le trouver dans des compositions de produits de beauté. Ce ne sont pas les seuls, on compte des dizaines de substances dont l’effet sur la santé et sur l’environnement par le rejet dans la nature ne sont pas tout à fait clair et porte à caution.
LE SUR EMBALLAGE
Rares sont les industries ou l’emballage tient une place aussi importance dans le rendu du produit fini. Une étude démontre que l’emballage et la publicité représentent jusqu’à 50% du prix d’un produit cosmétique(3). L’attrait de l’emballage peut déclencher l’achat, alors les produits cosmétiques sont souvent emballés dans un pot, un tube ou une fiole, puis dans un contenant en carton, qui lui-même est filmé avant d’être mis dans un sac remis au client. Autant d’emballages qui vont devenir des déchets. Même si ces entreprises comme toutes les autres sont soumises à la directive européenne sur le recyclage de déchets, la meilleure des solutions reste de les réduire à la source. Sous la pression des ONG et de la réglementation, les gros groupes du secteur ont intégré cette donnée dans leurs objectifs. Mais les résultats sont pour le moment assez modestes. L’OREAL s’était engagé à réduire entre 2005 et 2015 de 50% des déchets générés par unité de produit fini, elle n’en était qu’à 23,9% en 2012. Autant dire que l’objectif est loin d’être atteint(4).
COSMÉTIQUE ET ETHIQUE
Ce n’est pas nouveau, l’idée de la cosmétique renvoi à une certaine recherche de la jeunesse éternelle, de la beauté qui ne fane pas Etc. Les messages publicitaires et les pratiques de promotion des ventes du secteur surfent donc sur cette vague et n’hésitent pas à nous « vendre du rêve ». Potion miracles flirtant parfois avec l’aspect thérapeutique, modèle de beauté imposé, publicité mensongère du type « garantie 10 ans de moins ». Ces pratiques ont un impact direct sur la société et sur l’estime de soi des personnes qui donnent de l’importance à ces messages. Le risque est alors d’arriver à une société où la beauté est standardisée, les peaux claires sommées d’êtres bronzées, les peaux sombres encouragées à être plus claires ainsi de suite ! C’est un débat éthique sans fin, mais dans lequel l’industrie de la cosmétique porte une responsabilité certaine. Dans certains pays comme la grande Bretagne, il existe des organismes chargés de faire la police sur ce type de dérive (Advertising Standards Authority). En France le CSA (conseil supérieur de l’audiovisuel) qui a pourtant pour prérogative de protéger le consommateur n’as pas encore jugé bon d’intervenir sur ce sujet.
LA BIO PIRATERIE AU SERVICE DE NOTRE BEAUTÉ ?
On parle de bio piraterie lorsque des entreprises se permettent de piller le patrimoine culturel et naturel d’un pays ou d’une région du monde, notamment dans les pays du sud, par le dépôt de brevets sur des plantes ou substances locales et cela sans rétribution aucune. Ce cas de figure s’est présenté de nombreuses fois. En 2009, la société Greentech, spécialiste des actifs verts, doit abandonner la demande de brevet qu’elle avait déposé en 2006 sur l’usage du Sacha Inchi , une plante de l’Amazonie péruvienne qui pousse entre 100 et 1000 mètres d’altitudes.(5) Le cas le plus célèbre est celui du margousier indien plante connue depuis des milliers d’années pour ses diverses vertus, qui a fait l’objet de dépôt de brevet pour un dentifrice par une firme américaine. S’en est suivi une longue bataille juridique menée entre autre par l’activiste indienne vandana shiva jusqu’à l’abandon du brevet par la firme.(6) Quand on sait que plus de trois quart des ressources biologiques terrestres se trouvent en zone tropicale, et que le marché des cosmétiques à base de produits naturels progresse fortement, Il est grand temps d’accorder plus de vigilance aux pratiques des industriels quant à l’appropriation du vivant pour des intérêts privés
COSMÉTIQUE BIO ET NATURELLE UNE ALTERNATIVE ?
Si on parle d’alternative, il faut rappeler que dès les années 80, quelques fabricants de cosmétiques comme THE BODY SHOP ou WELEDA se sont engagés dans une démarche complètement différente des autres acteurs du marché. Elles ont privilégié dès le début l’utilisation de matières naturelles, la transparence sur la composition des produits et les effets réels dont on peut espérer. Ce sont aussi les premiers à mettre en place des démarches d’optimisation d’emballage et de recyclage. Ces deux marques continuent d’être des acteurs clés d’une offre alternative, plus respectueuse de la nature, et des hommes, même si THE BODY SHOP a été racheté en 2006 par L’OREAL. Par ailleurs les marques de cosmétique Bio se développent et on peut accéder aujourd’hui à une offre assez large répondant à divers besoins. Elles s’appellent little big bio, lift argan, melvita, ou Oolution, (petit dernier sur le marché). bien souvent, ces marques sont toutes signataires de la charte COSMEBIO. Une étude diligentée par la FEBEA en 2015 révèle que 66% des personnes qui achètent des cosmétiques bio et naturelles le font dans des magasins BIO. Le label COSMEBIO est de loin le plus connu des consommateurs, avec 65% d’interrogés qui déclarent le reconnaitre.(7)
QU’EST-CE QUE LE LABEL COSMEBIO ?
L’association COSMEBIO labélise par le biais d’une charte qu’elle fait signer à ses adhérents, des produits classés en deux grandes catégories.(8)
- Le label « Cosmétique écologique » : 5% minimum du total des ingrédients doivent être issus de l’agriculture biologique (et 50% minimum des ingrédients végétaux de la formule)
- Le label « Cosmétique biologique » : 10% minimum du total des ingrédients doivent être issus de l’agriculture biologique (et 95% minimum des ingrédients végétaux de la formule)
Ce label met aussi en avant le recours au commerce équitable pour l’acquisition des matières premières naturelles. D’autres labels dédiés aux cosmétiques Bios existent et complètent l’offre. On peut citer le label NATURE ET PROGRES OU ECOCERT. Au niveau européen, on peut citer des labels comme NA TRUE ou BDIH ainsi que d’autres visible sur la plaquette i dessous :
LA TENTATION DU GREEN WASHING ?
Les marques conventionnelles essayent elles aussi de profiter de l’engouement grandissant pour les produits biologiques et naturels sans être obligé de se soumettre à des cahiers des charges stricts et obtenir des labels. Elles mettent alors le paquet sur la publicité et les appellations qui portent à confusion fusent. On voit alors fleurir sur les pots et tubes des sigles du type « bio-revitalisant » « green beauty » » substances végétale ». La tentation de l’entourloupe est forte, et implique une vigilance accrue du consommateur. Comme pour tout, si on souhaite consommer ses cosmétiques autrement, il est nécessaire d’acquérir les réflexes qui permettent d’identifier les labels, déchiffrer les compositions, et repérer les fausses promesses.
ALLER PLUS LOIN :
(1) – données issue de l’enquête consommateur, savoir pour mieux acheter de florence Amalou, Edition Philippe Rey
(2) – application des test dit « letahl dose » ou dose mortelle voir LD50.
(3) – d’après l’ouvrage de Léo hickman a good life; the guide of ethical living- 2005.
(4) – voir l’article de gaelle Fleitour sur le site l’usine nouvelle. « L’oreal leader des cosmétiques mais pas encore du développement durable »
(5) – voir l’article de France info sur l’affaire green tech
(6) – voir l’article de « libération » interview de vandana shiva sur la biopiraterie
(7) – Voir l’intégrale de l’enquête diligentée par la FEBEA intitulée : Cosmétiques Bio, les attentes des consommateurs
(8) – voir dossier de présentation COSMEBIO
(9) – Lien vers le guide cosmetox de GREENPEACE : Guide Cosmetox
(10) -voir l’article du magazine UFC QUE CHOSIR « Perturbateurs endocriniens dans les produits d’hygiènes et de beauté«
(11) – voir la partie consacrée aux cosmétiques de l’ouvrage d’Elisabeth Laville et Marie Balmain » Achetons Responsables » Edition seuil,2005.