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PERSONNALITÉS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE #3
A l’heure ou tous les yeux sont rivés vers le Brésil attendant avec impatience le lancement de la coupe du monde de foot, le billet dd ne déroge pas à la tendance, à la seule différence que nous ne parlerons pas football.
La personnalité du développement durable à qui nous rendons honneur dans ce billet est Francisco Mendès Alves Filho dit ChicoMendes.
ORIGINES PAYSANNES
Chico Mendes est né le 15 Décembre 1944 à XAPURI dans l’état de l’ACRE au Brésil, de parents ouvriers agricoles dans les plantations d’hévéa. Le petit Alves commence à exercer le même métier que ses parents à l’âge de 11ans. Il découvre alors les conditions précaires dans lesquelles les seringueiros des plantations d’hévéa doivent travailler et vivre, les injustices et les intimidations dont ils sont victimes au quotidien et l’hostilité des patrons de plantation face au désir des ouvriers de se constituer en syndicat. C’est alors qu’au fil du temps émerge chez lui une certaine conscience politique.
ENGAGEMENT POLITIQUE ET SYNDICAL
Devenu un homme, Chico Mendes se rapproche des mouvements locaux de luttes pour une justice sociale, économique et environnementale. Son militantisme va le pousser à s’engager de plus en plus jusqu’à son élection sur une liste du parti des travailleurs (PT) comme conseillé municipal de la ville de Xapuri.
En cette période des années 70, les bouleversements économiques, la dictature militaire, le premier choc pétrolier, la concurrence écrasante du latex asiatique et l’apparition du caoutchouc synthétique mettent une pression énorme sur les propriétaires de plantation d’hévéa. Cela se traduit directement par un accroissement des injustices et de la précarité chez les ouvriers agricoles. Baisses de salaires, chômage et autres vexations sont légions. De plus, les propriétaires de plantations acculés par la chute cours du mondial de l’hévéa vont se mettre à vendre en masse leurs terres aux multinationales de l’agroalimentaire qui déboisent, brûlent dans le but de faire des zones de pâturages pour l’élevage intensif de bovins à destination du marché nord américain.
C’est dans ce contexte, Voyant la forêt reculer de plus en plus et les désastres environnementaux et sociaux causés par le lobby des propriétaires terriens, que Chico Mendes et d’autres cherchent à fédérer les ouvriers au sein de syndicat. Un syndicat finis par voir le jour, « L’UNION DES TRAVAILLEURS RURAUX DE BRASILEA » mené par WILSON PINHEIRO, alors amis et mentor de Chico Mendes. PINHEIRO sera assassiné quelques temps plus tard, le 21 juillet 1980.
LEADER SYNDICAL, ECOLOGISTE ET DEFENSEUR DE LA FORET AMAZONIENNE
L’assassinat de PINHEIRO sera un évènement marquant pour Chico Mendes qui reprend alors le flambeau. Il fonde le mouvement « L’UNION DES TRAVAILLEURS RURAUX DE XAPURI » et en devient le président. Les luttes de Chico Mendes et les siens sont nombreuses. Ils s’enchaînent à des arbres dans les zones destinées à être déboisées, ils incitent les gardes payés par les grands propriétaires terriens à déposer les armes, manifestent pour la protection de la forêt et tout cela pacifiquement.
Les luttes des travailleurs ruraux de Xapuri vont faire chemin et commencer à avoir un écho national puis international. Des médias et ONG internationaux mettent en lumière leur combat et les font connaitre à travers le monde entier.
Comprenant que les problèmes liés à la déforestation de l’Amazonie dépassent le seul champ des travailleurs ruraux, Chico Mendes va se muer en véritable défenseur de l’environnement, des populations indigènes vivants dans ces forêts et de tous les autres qui vivent de la forêt.
Protection de la faune et de la flore, lutte contre un développement anarchique aux conséquences catastrophiques pour tous.
Après des emprisonnements, des amendes, de la torture sous le régime dictatorial qui sévit dans son pays jusqu’en 1985, Chico Mendes fut assassiné d’une balle dans la poitrine le 22 décembre 1988 par le fils d’un des propriétaires terriens qui déboisait une zone destinée à abriter un parc naturel et qui avait du céder à l’opposition de Chico et des autochtones.
Il laissait derrière lui une femme, deux enfants en bas âges et toute une communauté de camarades, de sympathisants et soutiens qui le pleurent encore 26 ans après sa mort.
HERITAGE DE CHICO MENDES
On lui doit d’avoir contribué à fédérer les peuples indigènes au sein de l’union des nations indiennes qui encore aujourd’hui à travers le chef RAONI METUKTIRE qui était à Paris la semaine dernière, Défends la mise en valeur soutenable et durable des ressources forestières.
On lui doit aussi d’avoir poussé le gouvernement Brésilien à prendre les premières mesures de protection de la forêt amazonienne en créant par exemple une réserve de près d’un million d’hectare qui porte son nom.
Le gouvernement à aussi supprimé les aides d’implantation accordées aux propriétaires terriens pour l’installation de pâturages en forêt amazonienne.
Et c’est grâce entre autres au combat de Chico Mendes et de ses camarades que le monde à pris conscience que la forêt amazonienne était l’un des réservoirs de bio diversité les plus importants au monde.
Pour autant les problèmes ne sont pas terminé en Amazonie, loin de la. Que ce soit au Brésil ou dans les pays voisins, les propriétaires terriens, Seigneur du Soja et autres grands Ranchers font la loi.
Ainsi, chaque jour la forêt amazonienne perd un espace presque équivalent à la taille de l’Espagne. Et 50 espèces souvent endémiques.
“ D’abord, je croyais que je me battais pour sauver les hévéas, puis, je croyais me battre pour sauver la forêt d’Amazonie. Maintenant, je réalise que je me battais pour l’humanité”. Chico Mendes
Pour aller plus loin :
Modernisation agraire, oligarchie et mouvements paysans au brésil –Jacques Buffet, Maitre de conférence, Chercheur
Le Paraguay dévoré par le soja – Maurice Lemoine, Le monde diplomatique janvier 2014.
Chico Mendes « Non à la Déforestation » Isabelle Collombat chez Acte Sud.
PERSONNALITÉS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE #2
Pour cette seconde personnalité du développement durable, notre choix s’est tourné vers un homme, Français, à l’engagement original.
Il s’agit de RENÉ DUMONT.
Les férus d’histoire, notamment de politique française et les aficionados d’archives, se souviennent surement du tout premier candidat écologiste aux élections présidentielles en 1974. Ce candidat n’était autre que René Dumont; Cette année la les français faisaient la connaissance de cet ingénieur agronome né en 1904 à Cambrais d’un père professeur d’agronomie et d’une mère mathématicienne
DESTINE AU SERVICE DE L’ETAT
Diplômé en ingénierie de l’agriculture comme son père, René entame une carrière professionnelle à l’institut national d’agronomie (INA), aujourd’hui AgroParisTech. Carrière entrecoupée par des sollicitations diverses, il est par exemple conseillé au ministère de l’agriculture sous le gouvernement du front populaire en 1937, occupe un poste au commissariat général du plan, intervient dans diverses ONG et institutions internationales sur les questions agricoles.
Pacifiste, tiers-mondiste, amoureux de l’Afrique ou il séjourne à plusieurs reprises dans le cadre de missions de « coopération » pour le développement de l’agriculture, il prends souvent des positions à contre courant de celles des autorités françaises et ses analyses lui valent des remontrances et des menaces de sanctions.
DES CONVICTIONS QUI S’AFFIRMENT ET L’ENGAGEMENT QUI L’EMPORTE
C’est dans ce contexte que s’affirme son engagement. Bouleversé par les ravages de la famine dans les pays du sud, il critique déjà dans les années soixante les modèles d’agricultures d’exportation, qui se développent à cette époque dans des pays ou le citoyen moyen ne mange pas à sa faim. Il pose déjà des questions liés à la consommation d’énergie, la préservation de ressources essentielles comme l’eau et l’impasse qu’est un développement basé sur le tout pétrole. S’en suivent Plusieurs ouvrages qui illustrent ses combats, parmi les quels « l’Afrique noir est mal parti » ou encore « l’Utopie ou la mort » qui marquerons les esprits au moment de leur publications mais aussi des années plus tard au vu de leurs aspects prémonitoires.
NAISSANCE DE L’ECOLOGIE POLITIQUE
Pour Mr DUMONT, dire qu’on ne fait pas de politique signifie qu’on est d’accord avec la situation établie ou alors qu’on est partisan de l’immobilisme, du « statu quo ». C’est pourquoi la démarche politique lui semble évidente comme moyen de mener le changement et faire bouger les choses. Démarche politique qui de ses propres dires n’exempte pas le citoyen de commencer le changement au niveau individuel, puis de la cellule familiale avant de le généraliser au niveau collectif et national. C’est ainsi que de René Dumont fut le premier candidat écologiste à une élection présidentielle Française, posant les bases des parties écolos que nous connaissons aujourd’hui.
UN HOMME MODERNE ET EN AVANCE SUR SON TEMPS
Monsieur RENÉ DUMONT s’éteint en 2001 à l’age de 97 ans. Un siècle de vie pour celui qui promettait la fin de l’humanité avant le 22ème siècle, si aucune disposition n’est prise pour faire face aux différents enjeux sociétaux, économiques et environnementaux. Diverses critiques ont été portées à son encontre, par exemple sur sa façon dite parfois « brutale » d’amener les sujets, le fait qu’il ai pendant un temps continué son travail sous le régime de vichy ou ses velléités en faveur du contrôle démographique. Quoi qu’on en dise les experts sont généralement d’accords sur la pertinence de ses analyses et parfois de ses prévisions. Les sujets comme le développement des transports en commun, le partage de certains biens comme la voiture faisaient déjà partie des chevaux de bataille de Mr DUMONT dans les années soixante dix. ce sont aujourd’hui des réalités de nos quotidiens, preuve que c’était un homme résolument moderne et en avance sur son temps, un homme qui à fortement contribué apporter les questions de développement durable au devant de la scène nationale et internationale.






