Voici le premier article de l’année 2017 ! LebilletDD vous souhaite une excellente année ! que ce soit une année de bienêtre pour vous et pour vos proches !
Nous allons aujourd’hui à la découverte d’une nouvelle forme de consommation active !
Pour un(e) citoyen(ne) qui veut maitriser sa consommation, notamment son alimentation, l’impact de cette dernière sur la santé, sur l’environnement et sur l’économie, il existe des solutions, toutes aussi pertinentes les unes que les autres, avec leurs avantages et leur limites. On connait désormais les magasins bio, les AMAP, les locavores, les magasins sans emballages etc..
L’innovation sociale collective ne s’arrête pas pour autant.
Les idées continuent de fleurir et c’est tant mieux. Depuis trois ans, une autre se développe et arrive progressivement chez nous, il s’agit des supermarchés coopératif, auto gérés.
Dans le domaine de la consommation responsable, les innovations partent souvent du même constat : l’agro-industrie et la grande distribution s’enfoncent dans un modèle dont le seul intérêt poursuivi est le profit financier, au détriment de ceux qui produisent, travaillent à la distribution, et consomment. Idem pour l’environnement.
Le concept des épiceries et super marchés coopératifs veut lui aussi apporter une alternative à cet état des choses.
Imaginez un super marché dont vous êtes copropriétaire, avec le pouvoir de choisir ce qui s’y vent, d’où ça vient, combien c’est acheté et combien c’est vendu.
Un établissement où vous devrez aussi donner de votre temps, environs quatre heures par mois, pour faire de la mise en rayon, de la comptabilité, de la gestion de stock de la communication…
Vous y faites vos emplettes et contribuez ainsi à l’écoulement des produits, à la viabilité de la structure.
LES PIONNIERS DES SUPER MARCHES COOPERATIFS
Ces supermarchés sous la forme qu’on connait aujourd’hui ont vu le jour aux états unis et au Canada. L’expérience qui revient souvent est celle de Park Slope Food Coop à Brooklyn. Une coopérative qui officie depuis 1977 et n’as cessé de grossir, au point d’atteindre plus de 16000 membres, pour un chiffre d’affaire annuel en 2010 de 40 millions de dollars.
Les produits vendus par cette coopérative répondent à une charte qui veut qu’ils soient respectueux de l’environnement, qu’ils proviennent de fournisseurs de l’état de New york quand c’est possible et qu’ils soient vendu moins cher que dans les magasins classiques. (30 à 40% moins cher).
Le park slope food coop est tout de même devenu une très grosse machine, révélant quelques faiblesses du système. En effet, avec 16000 membres qui donnent deux heure et quarante-cinq minute de leur temps par mois, la coopérative dispose de plus d’heures de travail qu’elle n’en as besoin pour fonctionner. Les files aux caisses se rallongent, et les gérants sont contraints pour certains produits de s’approvisionner chez des fournisseurs pas toujours respectueux de leur charte.
En fin 2016, le film documentaire, Food Coop de Tom Boothe, a fait connaitre à plus grande échelle ce magasin pionnier, faisant la lumière sur plusieurs projets en cours, ou déjà implantée dans quelques villes et villages de France.
LES PREMIERS SUPER MARCHES ET ÉPICERIES COOPÉRATIVES AUTO GÉRÉES DE FRANCE
Il faut dire que pour monter un magasin auto géré, il ne suffit pas d’avoir un local, une autorisation et des produits à vendre.
Cela nécessite aussi de rassembler un certain nombre de coopérateurs, qui vont faire tourner l’établissement en donnant du temps mais aussi consommer les produits vendus. Il faut également trouver et convaincre des producteurs, locaux de préférence et/ou issus de l’agriculture biologique de se joindre à l’aventure.
Tout cela prend du temps et de l’énergie aux initiateurs, mais en France plusieurs supermarchés sont en gestation et des épiceries ont déjà ouvert. Il y a beaucoup de beaux projets d’épiceries coopératives de villages qui se sont concrétisés.
On peut citer comme exemple l’épicerie « champ commun » monté en 2009 à Augan dans le Morbihan, avec 67 coopérateurs, qui est depuis devenu un complexe de service de proximité et est passé à plus de 100 associés, en créant plusieurs emplois.
Citons également l’épicerie d’un petit bourg dans la Mayenne nommé FONTAINE-DANIEL, développé et tenu par un collectif d’habitants. Cette initiative lancée pour faire face au manque de commerce de proximité est devenu un exemple pour bien des villages faisant face à la désertification rurale.
C’est donc d’abord en zone rurale que l’idée de magasin auto géré s’est développée, en adaptant chaque fois la formule aux besoins locaux, ce qui tombe sous le sens.
Dans un village il ne faut qu’une cinquantaine de personnes pour se fédérer et porter un projet d’épicerie coopérative. Souvent les producteurs sont du coin, et les fonds à mobiliser sont moindres.
En zone urbaine, c’est une autre paire de manche ! Plus de 2000 coopérateurs environs pour le projet de la LOUVE qui est a priori le plus aboutit à ce jour en France. Ce super marché va ouvrir ses portes dans quelques semaines dans le 18e arrondissement de Paris.
Le slogan sur le site internet de la louve annonce la couleur !
« Nous n’étions pas satisfaits de l’offre alimentaire qui nous était proposée, alors nous avons décidé de créer notre propre supermarché. »
Là aussi c’est Tom Boothe, le réalisateur du documentaire de Food Coop qui est à l’origine du projet. dans l’interview ci dessous, il explique le concept.
Dans le sillage de la louve, d’autres projets sont en cours à Nantes, Bordeaux, Dijon, Toulouse, Biarritz, Lyon, avec le collectif « DEMAIN ». En tout, 18 projets de supermarché coopératifs dans les villes de France.
Même aux USA, pays plus grand, plus peuplé et instigateur de la démarche, on ne compte pas autant de projets de ce type. L’hexagone est désormais un laboratoire mondial de ce nouveau format de consommation active !
LE CAS DU COLLECTIF « DEMAIN » A LYON
« Les yeux sont désormais rivés sur les progrès enregistrés par chaque collectif, la Louve est une sorte de projet pilote pour les autres, son succès sera une confirmation que nous sommes sur la bonne voie »
C’est ce que nous disait Mathieu, co fondateur du collectif « Demain » qui œuvre pour l’ouverture début 2018 d’un supermarché à Lyon.
Mathieu, a le profil du jeune trentenaire qui est arrivée au bout des promesses illusoires. Il a roulé sa bosse dans la grande distribution, les chaines de restauration rapide, les enseignes qui ont pignon sur rue, avant d’avoir le déclic et de décider de se lancer dans un projet qui lui semble avoir un supplément de sens.
« Je suis tombé sur un documentaire de food coop et je me suis tout de suite reconnu dans la démarche, j’ai alors décidé de me lancer et de tenter de fédérer des personnes pour avancer ensembles »
Il fait alors la rencontre de Franck, qui avait un projet de cantine bio, mais qui est séduit par l’idée de supermarché coopératif, ils mènent désormais l’aventure ensembles. Mais ce n’est pas tout !
100 personnes ont déjà rejoint nos deux fondateurs, dans les différentes commissions qui travaillent désormais d’arrachepied pour que le projet voie le jour.
« Il y a beaucoup de travail, mais on se rend compte que le caractère collectiviste de la démarche mets des solutions à disposition. Les personnes qui sont dans les différentes commissions de travail viennent avec des compétences, qu’elles mettent à contribution » renchérit Mathieu.
Ainsi, un site internet va bientôt voir le jour, la charte produit est en cours, le sourcing de fournisseurs etc…
La page Facebook aussi à fait des émules, puisqu’elle est suivie aujourd’hui par plus de 1600 personnes, de potentiels coopérateurs donc.
Il en faudrait 2000, et un panier moyen de 180€ mensuel, pour que le magasin puisse prendre convenablement son envol.
Mais Mathieu n’est pas dupe, il sait que la route sera longue et juchée d’embuches.
« Nous disons a tous ceux qui se joignent à nous que les choses ne seront pas parfaites, tout ne se passera pas comme prévu, mais nous comptons apprendre de nos erreurs, et surtout profiter du retour d’expérience des projets déjà avancés ».
D’après Mathieu, tous les porteurs de projet de supermarchés coopératif en France sont en contact, et se tiennent informés des avancées. Ainsi, le 25 Février 2017, aura lieu à Paris une rencontre inter-coop, réunissant tout les porteurs de projet.
Une école est également envisagée pour former ceux qui se lancent.
Quelques questions demeurent en suspens, notamment l’aspect juridique de la clause de la charte, demandant à chaque coopérateur de travailler un certain nombre d’heure par mois pour le magasin.
Cette « obligation » selon la loi Française peut se voir qualifier en emploi.
« La louve a retourné cette question dans plusieurs sens et à finalement trouvé une réponse adéquate qui ne met pas la structure en porte à faux avec la règlementation » nous as confié Mathieu.
Il faut dire que les crèches parentales fonctionnent déjà sous le même principe.
sur la question de la taille des établissments aussi, tous semblent d’accord sur le fait qu’il n’y a aucun intérêt à atteindre 16000 membres pour un magasin comme à Brooklyn.
L’idéal si la démarche séduit est de multiplier des sites de petite et moyennes tailles.
Pour joindre le projet, il suffit de participer à une réunion d’information et vous aurez alors le choix entre :
-suivre le projet en vue de devenir coopérateur, dans ce cas vous recevrez tous les mois la lettre d’information.
-Adhérer tout de suite pour mettre la main à la patte dans la mise en route.
En tous les cas allez sur la page Facebook du collectif « DEMAIN » ou envoyez un mail à pour poser vos questions.
Espérons que ces nouvelles aventures vont se concrétiser et venir apporter une nouvelle voie aux modes de consommations et de vie alternatives, plus respectueuses de l’homme et de son environnement.
Dans le cadre de la semaine du développement durable 2014 qui s’est tenu du 1er au 7 avril avec pour thème « consommer autrement », le billet DD est parti à la rencontre des étudiants de plusieurs écoles Lyonnaises : IDRAC, 3A, IGS, CEFAM, CCI etc…
L’objectif était de faire connaitre cet événement d’échanger autour du thème de cette année et récolter des informations sur les pratiques de consommation alternatives que les étudiants connaissent et/ou mettent en place pour consommer autrement au quotidien.
Camera à l’épaule micro à la main, nous avons rencontré de nombreux étudiants avec qui les interactions furent fructueuses.
Nous vous proposons ici un morceau choisi de ce micro trottoir.
Il en ressort pleins de bonnes choses, à prendre tel-quel car riche de sens selon nous, ou à nuancer. En tout cas la question est ouverte et c’est bien l’essentiel :
QUE FAITES VOUS AU QUOTIDIEN POUR CONSOMMER MIEUX POUR VOTRE SANTE ET POUR L’ENVIRONNEMENT ?
En ce qui nous concerne, nous sommes convaincus qu’êtreCONSOM’ACTEUR est un travail du quotidien, progressif et qu’il appartient à chacun de définir le périmètre auquel il accordera une vigilance accrue. Alimentation, produit ménager, cosmétiques, produits pour bébés, transport etc.. les sujets sont nombreux et toute action responsable même modeste est honorable,
Le billet DD est naturellement très sensible à ces sujets. Nous en avons déjà parlé par exemple dans notre article « le développement durable et le bio » et nous continuons à travailler sur le sujet pour mettre en lumière les initiatives qui vont dans le bon sens, échanger les informations utiles, ou ouvrir le débat et même changer d’avis.
Merci à tous les étudiants qui ont bien voulu se plier à l’exercice de l’interview !